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Loge de Recherche Laurence Dermott

Rechercher dans la Fraternité et la Tolérance.

Sainte Brigitte de Kildare, thaumaturge et illuminatrice d'Irlande ( 436-523)

Publié le 20 Décembre 2012 par X in Irlande

Il n'appartient qu'à Dieu, dit Job, de faire des vases purs d'une matière impure. C'est lui seul qui peut faire, quand il lui plaît, que les épines produisent des raisins et que les chardons portent des figues. Sainte Brigitte, dont Notre Seigneur a su conserver la virginité toute pure, quoiqu'elle fût née dans les infamies et les impuretés d'un adultère de son père avec une esclave. Cette infidélité de Duptace (c'est ainsi qu'on appelait ce seigneur irlandais) toucha si sensiblement le coeur de sa légitime épouse, qu'imitant l'ancienne Sara, la mère de tous les Croyants, elle ne donna point de repos à son mari qu'il n'eût mis dehors cette servante, quoique deux Saints Prélats l'eussent assuré qu'elle enfermait une Sainte dans son sein.

En effet, l'esclave bannie mit au monde une fille qui fut nommée Brigitte au Baptême, que son père prit soin de lui faire donner pour la rendre fille adoptive de Jésus-Christ. Elle fut confiée à une femme chrétienne qui eut soin de l'élever dans la crainte de Dieu et l'amour de la virginité. Quelque temps après, Duptace voyant que sa fille avançait en âge et en sagesse, la fit venir en sa maison, où elle se rendit très aimable par les rares vertus dont son âme était remplie et qu'elle faisait paraître au dehors. Elle était humble, paisible et obéissante; et surtout il semblait que la compassion pour les pauvres fut sortie avec elle du sein de sa mère, parce qu'elle usait de toutes sortes d'inventions pour leur faire du bien.

Ces admirables vertus étaient relevées par une beauté parfaitement régulière qui ravissait aisément les coeurs de tous ceux qui la regardaient; c'est pourquoi elle fut recherchée par divers partis. Mais Brigitte, qui s'était déjà consacrée par voeu à Jésus-Christ, l'Epoux des vierges, s'apercevant que cet empressement qu'on témoignait pour l'épouser ne procédait d'ailleurs que d'elle-même et de cette rare beauté qui éclatait sur son visage, pria Notre-Seigneur de la rendre si laide qu'on ne pensât plus à elle. Sa prière fut exaucée, et, par la perte d'un oeil, la Sainte fille demeura si difforme qu'il ne se trouva plus personne qui parla de l'épouser: ce qui obligea son père de lui permettre de se faire Moniale comme elle en avait le désir.

Son entrée en religion fut rendue remarquable par trois insignes faveurs qu'elle y reçut du Ciel: l'Evêque Malchille, ou Mel, ancien disciple de Saint Patrick, Apôtre d'Irlande, qui lui donna le voile, aperçut sur sa tête une colonne de feu; quand Brigitte pencha la tête pour baiser le marche-pied de l'autel, le bois, quoique sec et déjà vieux, reverdit par son attouchement; enfin, au même instant, son oeil se trouva guéri, et son visage reprit sa première beauté, à laquelle Notre-Seigneur ajouta encore un nouvel éclat, ne voulant pas que celle qui avait désiré pour son amour perdre la beauté de son corps, afin de conserver la pureté de son âme, demeurât avec la moindre difformité corporelle.

Trois jeunes filles, de ses amies, avaient suivi Brigitte dans la retraite. Elles se construisirent dans un gros chêne des cellules qui furent appelées, depuis "Kill-Dara" ou "Cellules du Chêne", à huit lieues de Dublin, et adoptèrent un costume différent de celui des autres religieuses du pays. Ce fut comme une pépinière sainte qui donna naissance à un grand nombre de monastères en Irlande, lesquels reconnaissent tous Sainte Brigitte pour leur mère et leur fondatrice. La réputation de sa sainteté et de ses miracles rendit Kildare si célèbre et si fréquenté, que le grand nombre des édifices qu'on bâtit, de son vivant, même, autour du monastère, y forma une ville qui devint assez considérable dans la suite pour qu'on y ait transféré le siège métropolitain de la province.

La surveillance qu'elle devait exercer sur un grand nombre de maisons monastiques, l'obligea à de fréquents voyages qui occupèrent une grande partie de sa vie et qui furent toujours d'une si grande utilité qu'on peut dire que chacun de ses pas a été marqué par la fondation de quelque nouveau monastère.

Cette pieuse Vierge avait reçu de Dieu le don des miracles dans un haut degré, et elle en a fait un si grand nombre, que le papiste Baronius écrit avoir lu au Monastère de Sainte-Cécile, au-delà du Tibre, à Rome, un vieux manuscrit qui en contenait vingt-quatre chapitres. Nous en rapporterons seulement deux ou trois qui feront juger des autres.

Deux lépreux s'adressèrent à la Sainte pour être guéris. Elle pria Dieu pour eux, et, faisant le signe de la Croix sur un peu d'eau, elle leur commanda de s'en laver l'un l'autre: le premier, après avoir été lavé, se sentant guéri, fut si ravi de sa santé, que, de crainte de la perdre, il ne voulut jamais rendre le même service à son compagnon. Mais, en punition de son ingratitude, il se vit aussitôt recouvert de la même lèpre, et son compagnon fut parfaitement guéri par la seule prière de Sainte Brigitte, qui semblait tenir en ses mains les clefs de la santé et de la maladie.

Une fille aveugle, nommée Darie, pria la Sainte de faire une bénédiction sur ses yeux, et par ce moyen elle recouvra la vue; mais étant ensuite éclairée d'une plus haute lumière, et reconnaissant que tout ce qui se voit des yeux du corps n'est qu'un embarras pour l'âme, elle s'en retourna vers sa bienfaitrice pour la prier de lui rendre sa première cécité; et à l'instant ses yeux, qui avaient été ouverts à la supplication de Sainte Brigitte, se refermèrent à sa prière.

Une autre fille, âgée de douze ans, qui était muette de naissance, fut amenée par sa mère à Sainte Brigitte. La Sainte la prit par la main et lui demanda si elle ne voulait pas bien, pour l'amour de Jésus-Christ, garder la virginité perpétuelle : et comme la mère lui représenta l'impuissance de sa fille pour parler, la Sainte lui répliqua : "Cependant, je ne la laisserai point aller qu'elle ne m'ait répondu". Alors la muette, déliant sa langue, lui promit de demeurer vierge toute sa vie avec la grâce de Dieu; et, depuis, l'usage de la parole lui demeura toujours libre.

Une méchante femme, ayant mis au monde un garçon, disait hautement pour excuser son crime qu'elle l'avait eu de l'Evêque appelé Broon, lequel était un Saint homme, aussi disciple de Saint Patrick. Cette calomnie fut rapportée à Sainte Brigitte, et la misérable soutint effrontément son mensonge en sa présence et celle du même Saint Patrick ; mais la Sainte faisant le signe de la Croix sur la bouche de cette infâme, lui fit enfler la langue de telle sorte qu'elle ne pouvait parler; et, faisant de même sur la langue de l'enfant, elle la délia, et il dit distinctement, après que Sainte Brigitte le lui eut commandé, que l'Evêque n'était pas son père, mais bien un pauvre homme du commun. Ainsi la vérité fui découverte, l'honneur de l'Evêque conservé, et la gloire rendue à Dieu, protecteur de l'innocence.

Elle a fait encore quantité de prodiges par le signe de la Croix. C'est par ce moyen qu'elle chassait les démons des corps humains, et qu'elle retenait les personnes qu'elle voyait en danger de se perdre. On raconte à ce sujet une chose surprenante : la fille d'un gentilhomme s'étant dérobée secrètement de la maison de son père le jour même de ses noces, pour se sauver dans le monastère de Brigitte, ce père monta à cheval, suivi d'une bonne escorte, pour enlever sa fille de force; mais la Sainte l'ayant aperçu fit le signe de la Croix en terre, et à l'instant les hommes et les chevaux devinrent immobiles comme des statues, jusqu'à ce que le père, reconnaissant sa faute, permît à sa fille d'exécuter son voeu et de demeurer en religion.

Ce peu que nous venons de lire suffit, pour faire voir évidemment quels sont les mérites de cette grande Sainte. Le temps de sa récompense étant arrivé, après avoir heureusement achevé sa course, elle eut révélation du jour de son décès, dont elle donna avis à une bonne fille qu'elle avait élevée en la crainte et en l'amour de Dieu, lui marquant le jour qu'elle partirait de cette vie, pour aller jouir des chastes embrassements de son Epoux dans le Ciel.

Elle rendit son âme à Dieu, suivant l'opinion la plus probable, dans son premier monastère d'Irlande, un mercredi, 1er février 523.

Les auteurs ne conviennent pas du lieu où elle naquit au Ciel : les uns disent que c'est à Glastonbury, en Angleterre; d'autres, à Kildare, en Irlande. Il est marqué au Martyrologe romain que ce fut en Ecosse. Mais il est bon de savoir que les Scots, qui ont donné leur nom à la partie septentrionale de la Grande-Bretagne, habitaient l'Irlande au cinquième siècle; l'Irlande s'appelait indifférement Scottie et Hiberniae. Elle décéda le 1er février, l'an de Notre-Seigneur 518, selon Sigebert, et 521 selon Marien, Ecossais, sous l'empire de Justin l'aîné, ou enfin 523 plus probablement selon d'autres, étant âgée de soixante-dix ans.

Son corps fut enterré à Kildare où les Moniales, pour honorer sa mémoire, instituèrent un feu sacré perpétuel appelé le feu de Sainte Brigitte : ce qui fit donner au monastère le nom de Maison du Feu. Elles l'y entretinrent jusqu'en 1220, époque à laquelle l'archevêque papiste de Dublin le fit éteindre. Le corps de la Sainte en avait été enlevé dès le neuvième siècle, à cause des incursions des Danois, et transporté à Down Patrick.

On ne perdit pas le souvenir de Sainte Brigitte à Kildare, quoiqu'en moins d'un siècle, de 835 à 924, la ville et le monastère eussent été saccagés cinq fois; mais à Down on l'oublia. Il fallut attendre 1186 pour qu'on retrouvât le corps de Sainte Brigitte. Il fut découvert déposé avec ceux de Saint Patrick et de Saint Colomb dans une triple voûte, d'où on le transféra dans la cathédrale de la même ville. L'impie Grey, sous Henri VIII, détruisit l'église qui renfermait ces Reliques et les jeta au vent. Le chef de Sainte Brigitte se trouvait à Neustadt, en Autriche, et put échapper à la profanation. Elle y fut conservée dans la chapelle du château impérial, jusqu'à l'année 1587 où Rodolphe II en fit présent à l'ambassadeur d'Espagne, Jean de Borgia : celui-ci à son tour en enrichit l'église des Jésuites de Lisbonne. La ville de Cologne, qui a une paroisse placée sous la protection de cette Sainte, se vante d'avoir aussi de ses Reliques.

La fête de Sainte Brigitte a toujours été célébrée le 1er février, jour de son entrée au Ciel. On croit communément que c'était un mercredi, ce qui ne peut convenir pour le commencement du sixième siècle qu'aux années 506, 517, 523 et 534. Le culte de Sainte Brigitte était autrefois très répandu, non seulement en Irlande où elle tient le premier rang des Saintes après la Mère de Dieu, mais en Flandre, en Allemagne et dans une partie de la France. Sa fête était reçue dans tout l'Occident au neuvième siècle. L'Irlande la regarde comme sa protectrice, de même que Saint Patrick est son protecteur.

"Partout où les Moines irlandais ont pénétré, à Cologne comme à Séville, des églises se sont élevées en son honneur, et partout où de nos jours encore se répand l'émigration britannique, le nom de Brigitte signale la femme de race irlandaise. Dix-huit paroisses en Irlande portent encore le nom de Sainte Brigitte. Privés par la persécution et la misère de construire des monuments en pierre, ils témoignent de leur inébranlable dévotion à cette chère mémoire en donnant son nom à leurs filles. Noble et touchant hommage d'une race toujours infortunée et toujours fidèle, qui fut comme elle esclave et comme elle chrétienne".

Il n'existe pas de vestiges du passage de Sainte Brigitte sur la terre, excepté une tour ronde et des ruines d'une église qu'on dit dater du sixième siècle. La congrégation des soeurs ou Moniales qu'elle a fondée a disparu. Toutes ses reliques sont probablement perdues. Dans son office imprimé par les papistes à Paris en 1620, l'hymne des premières Vpres dit: "Pour témoigner de sa vertu calomniée, le bois sec de l'autel reverdit tout à coup, au contact de sa main virginale." On ajoute qu'il en sortit un petit rameau. On la représente donc portant la main à l'autel ou à genoux sur le marchepied. Dans l’iconographie, on la peint aussi à genoux et tenant un vase à large ouverture; près d'elle une vache. Cet attribut fait allusion à plusieurs traits de sa vie.

Nous choisirons toutefois une seule circonstance, et nous renverrons à Surius, au 1er février, pour les autres où la vache joue un rôle quelconque. Sainte Brigitte étant devenue célèbre par ses vertus, reçut un jour la visite de plusieurs Evêques, mais elle n'avait pas de quoi les traiter. Elle se recommande à Dieu et imagine de traire trois fois dans la même journée la seule vache qu'elle eût : sa Foi fut récompensée, elle tira autant de lait qu'auraient pu en donner trois bonnes laitières.

Encore de nos jours, dans la paroisse papiste d'Hamay, entre Huy et Liège, en Belgique, on fait, des pèlerinages, en l'honneur de Sainte Brigitte, pour les vaches. Près de Fosses-la-Ville, dans le diocèse papiste de Namur, les paysannes font bénir, le premier février, des baguettes avec lesquelles on touche les vaches malades pour les guérir.

Source : http://orthodoxie-libre.actifforum.com/t448-sainte-brigitte-de-kildare-10-23-juin