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Loge de Recherche Laurence Dermott

Rechercher dans la Fraternité et la Tolérance.

Notes sur la tradition celtique

Publié le 20 Janvier 2013 par PVI in Planches

Comme le disait notre Frère Charles F. dans sa planche du mois dernier sur les Traditions méditerranéennes et le Christia­nisme : « à côté des courants helléniques et hébraïques, le celtisme est indispensable à la compréhension de la civilisation médiévale ».

Cette affirmation aura peut-être surpris certains d'entre nous et voici un an, j'aurais été de ceux-là. Car bien que l'école primaire nous parle de nos ancêtres les Gaulois, nous savons que nous avons été conquis et « civilisés » par les envahisseurs romains et ce, durablement : c'est le latin qu'on apprend dans les lycées aujourd'hui encore et non pas le vieux celtique.

Et pourtant, comme nous l'allons voir, il nous reste beaucoup des Celtes, à nous Francs-Maçons du Rite Ecossais.

Mais parler du celtisme est une entreprise malaisée, spécia­lement pour moi d'éducation méditerranéenne qui en ignorait naguère tout.

Dans une première partie, nous tenterons de définir Le domaine Celte, au triple point de vue, géographique, historique et cultu­rel.

Dans notre seconde partie, nous tenterons de dégager parmi tant d'autres — car il m'est impossible en une seule planche d'être exhaustif — quelques traits saillants de la tradition celtique.

Enfin notre troisième partie sera consacrée aux survivances parmi nous de la Tradition Celtique, nombreuses non seulement dans nos rites, mais aussi dans nos façons de penser.

I. - LE DOMAINE CELTE

Les Celtes sont un groupe de peuples indo-européens dont l'origine, pense-t-on actuellement d'après des découvertes archéo­logiques, se situent dans l'actuelle Bohême. Mais il n'est pas possible de séparer les Celtes des cultures des peuples qui les ont précédés et dont ils ont hérité.

GEOGRAPHIQUEMENT

Les Celtes, héritiers de la culture illyrienne ou proto-celte de Halstatt qui fleurit au 2e miillénaire avant notre ère, culture connue pour son habileté métallurgique, les Celtes donc connurent à l'époque de La Tène (Ve au Ille siècle avant J.-C. — du nom d'une localité suisse riche en vestiges) une brillante civilisation entre l'actuelle Tchécoslovaquie et le centre de la France.

Puis ils s'étendirent tant vers l'Est (royaume, durable, de Galatie autour de l'actuelle Ankara, prise et sac de Delphes en Grèce, en 279 avant J.-C.) que vers le Sud (occupation de la Gaule Cisalpine et fondation de Milan : Médiolanum, prise éphé­mère de Rome) et surtout vers l'Ouest : Gaule presque entière, péninsule ibérique, totalité des Iles Britanniques.

HISTORIQUEMENT

C'est surtout dans les Iles Britanniques, Irlande comprise bien entendu et, à un moindre degré, en Gaule continentale que se développera l'histoire celte.

Nous n'entrerons pas ici dans les détails que chacun peut trouver ailleurs : romanisation entière de la Gaule, partielle des Iles Britanniques, l'Ecosse et l'Irlande y échappant, invasions anglo- saxonnes à partir du Xle siècle repoussant à l'Ouest et au Nord le domaine celtique avec peuplement de notre Bretagne armoricaine par des Celtes des Iles Britanniques.

Ces simples jalons nous aideront à situer la communauté de culture entre les Celtes.

CULTURELLEMENT

Contrairement à d'autres cultures, méditerranéennes par exemple, où les témoignages écrits tant littéraires qu'épigraphiques surabondent, la culture celtique a laissé très peu de témoignages écrits directs.

Faisons tout de suite justice d'une légende : les Celtes savaient écrire, comme le prouve l'écriture oghamique clairement attestée (et parfaitement connue et déchiffrée) pour des usages religieux précis : inscriptions funéraires, invocations ou imprécations.

Mais tout l'enseignement des druides, comme nous le verrons, était oral. Pourquoi ? Il me semble que l'écriture était pour eux chargée d'une magie encore plus forte que la parole ; et puis l'écriture fixait à jamais une chose, un état alors que la tradition, ce qui doit être transmis, doit être quelque chose de vivant en fonction des vecteurs qui transmettent. Nous croyons devoir rap­porter cette explication de G. Dumézil, spécialiste des cultures indo-européennes, car elle éclaire ce comportement fort étranger à nos modes de pensée actuels.

Les historiens anciens, César d'abord (de Bello gallico), Diodore de Sicile, Strabon, Pomponius Mela, etc., nous ont laissé des témoignages sur la culture celtique ; mais si leurs notations nous sont précieuses, ils voyaient cette culture de l'extérieur, sans en saisir souvent tout le sens.

Sauf en Gaule, à une basse époque où l'influence romaine avait altéré la pureté des principes celtiques de non-représenta­tion de la divinité (qu'on se rappelle les sarcasmes de Brennos, chef gaulois pillant Delphes et voyant les représentations anthro­pomorphiques d'Apollon), nous ne trouverons pas de statues de dieux — ce qui ne veut pas dire que les statues trouvées à ces basses époques ne soient pas pleines d'enseignements.

C'est principalement dans les traditions épiques irlandaises et galloises qui ont survécu assez facilement à la christianisation que nous trouverons le plus clair de nos ressources.

Sans entrer dans le détail des branches goïdéliques et britto­niques, de leurs luttes, de leurs entrecroisements et de leurs ramifications, nous considérerons comme une cette culture tra­versée (ou plutôt unie) par la mer, que ce soit en Irlande, en Ecosse, au Pays de Galles ou en Armorique.

Car si la notion d'état semble avoir fait cruellement défaut aux Celtes au point qu'ils ne formèrent jamais un empire unifié mais qu'ils furent conquis successivement par des peuples étran­gers, la culture qu'ils développèrent, la tradition qu'ils assumèrent et qu'ils transmirent fût une.

II. - QUELQUES TRAITS SAILLANTS DE LA TRADITION CELTE

LA MORT

Ce qui a frappé le plus les peuples anciens en contact avec les Celtes, c'est leur absence de crainte de la Mort (cf. Diodore de Sicile, V, 28, 6 Lucain « la Pharsale » I, 454-458, César B.G. VI, 14 etc.). Comment l'interpréter ?

Les Celtes fils de la Mort

César nous apprend que les Celtes, selon les Druides, se disaient Fils de Dis (P) Atir (=. Dis Pater), le Dieu de la mort : c'était l'ancêtre de la race, source de toute vie. Le rapprochement est à faire, dans le cadre indo-européen avec le Dis Pater latin, à la fois Jupiter et Pluton, moins nettement individualisé à l'ori­gine.

Ce nom de Dis Atir était ressenti comme terrible et plutôt que de le prononcer, c'est-à-dire de rendre présent cette divinité redou­table, les Celtes préféraient l'appeler Teutatès, c'est-à-dire le Papa (hypochoristique de père) de la Tribu ; pensons au héros de nos bandes dessinées Astérix jurant par Toutatis et mesurons le chemin parcouru...

Ce Dieu est représenté s'appuyant sur une massue ou avec un maillet, objet ambivalent que nous connaissons bien, dispensateur à la fois de la mort et de la vie car il peut frapper par deux côtés différents (nous penserons aussi à une survivance du folklore breton : le mell benniguet, massue de granit dont on frappe le front des vieillards pour leur donner « la bonne mort »).

Ce Dieu Dis Ater est couvert d'une peau de loup, animal symbolisant la mort (à rapprocher du folklore lorrain actuel où après le repas gras de Carnaval l'os de l'épaule du porc est jeté « pour le loup » afin qu'il ait sa part).

La figure du folklore breton de la mort « l'Ankou » est mas­culine ; ce n'est pas un squelette mais un homme très maigre : c'est le premier mort, fils d'Adam, qui montre le chemin à toute l'humanité.

La Nuit précédant le Jour

Il est normal que dans la Tradition Celtique, après ce que nous venons d'évoquer, la Nuit précède le Jour : les durées de 24 heures étaient comptées à partir du soir et il en existe encore des survivances en Bretagne armoricaine actuelle.

Mais ce processus se retrouve également dans d'autres tradi­tions, l'hébraïque par exemple : voir Genèse 1, 8 : « il y eut un soir, puis il y eut un matin et ce fut le second jour ». C'est là le moment de citer notre très illustre et très regretté Frère René Guénon qui rapprochaient les deux traditions celtique et chaldéenne et les deux trilittères C ha L D éen &C e L T e. D'ailleurs Héber, héros éponyme des Hébreux dans la Bible, veut dire occident en langue hébraïque.

Notions sur l'Au-Delà celte

Les écrivains anciens ont parlé à cet égard (Diodore de Sicile) de croyance à la métempsychose analogue à celle des Pythago­riciens ; en fait les croyances sont fort différentes.

— pour Pythagore, l'autre vie est une compensation à celle-ci : heureuse pour les justes au-delà de la Voie Lactée, réincarnée ici pour les autres dans des êtres inférieurs (animaux, etc.) ;

— pour les Celtes, sauf cas exceptionnel de héros se réincarnant en un autre héros longtemps après, il n'y a pas de réincarna­tion. L'autre vie n'est pas une compensation à celle-ci. C'est

à l'Ouest (Soleil Couchant), dans une île au milieu de l'Océan appelée Tir-na-nOg (terre des jeunes) Ynis Afallach (= île des pommiers — pomme : fruit de sagesse — dont la légende arthurienne a fait l'île d'Avallon) une répétition heureuse et hors du temps de cette vie présente (selon d'Arbois de Jubain­ville et Plutarque : « les Celtes disent qu'à l'Ouest, au milieu de l'Océan, est une île heureuse où Chronos — le temps — est enchaîné, etc. »).

Communication entre les mondes

Elle est fréquente et paraît aisée chez les Celtes. Dans l'épo­pée, les gens de l'Autre Monde sont souvent présents, soit qu'ils sortent des « sides » (tumuli sous lesquels ils habitent normale­ment et où ils entraînent les vivants temporairement ou définiti­vement) soit qu'ils arrivent, inconnus, d'un « Autre Pays » où ils entraînent le héros. Notons la fréquence de la figure féminine de l'autre monde qui vient chercher le héros en se promettant à lui et en lui promettant une vie heureuse et éternelle.

Mais il y a pour cela des périodes privilégiées du cycle annuel où les morts reviennent, normalement, en foule chez les vivants : Samain (1" novembre en particulier). Et ceci nous amène à évo­quer le calendrier et le festiaire celtique.

LE CALENDRIER CELTIQUE

Il est, nous nous en doutons après ce qui vient d'être dit sur la nuit précédent le jour, à base luni-solaire.

Les Celtes, comme d'ailleurs les Hébreux, faisaient com­mencer la journée le soir. Ils avaient des mois lunaires avec mois intercalaires pour avoir un cycle de 30 ans, très précis d'ailleurs, faisant correspondre les mois lunaires et l'année solaire.

Mais c'est le festiaire celtique qui nous retiendra plus long­temps.

Les fêtes

Il y en a quatre principales dans l'année qui, curieusement, sont placées non pas aux solstices et aux équinoxes comme pour nous (les deux Saint-Jean, etc.) mais au milieu des saisons.

Les traditionalistes celtes, en particulier la revue « Ogam » à qui cette planche doit beaucoup, expliquent cet état de choses par la fixation de ces fêtes à des dates très anciennes et le résultat de la précession des équinoxes. A titre personnel, cette explication ne me satisfait pas — mais je ne suis pas capable d'en proposer une autre plus satisfaisante.

SAMAIN 1er novembre

C'est la fête des Morts, la plus importante, nous n'en serons pas surpris. C'est d'ailleurs aux chrétientés celtiques que l'Eglise d'Occident doit d'avoir fixé au 2 novembre la Fête des Morts (chez les orthodoxes cette fête est en août).

Cette fête du solstice d'hiver décalé est la naissance de Lug, Dieu solaire que nous retrouverons. C'est la 2e bataille de Mag Tured (= la plaine des Piliers) qui voit la victoire des Tuata dé Dana, peuple solaire, sur les Fomoïré, peuple tellurique, obscur mais néanmoins garant de la fertilité. C'est donc aussi une fête de la fertilité. Les morts y reviennent trois nuits durant visiter (et prendre avec eux quelquefois) les vivants. C'est pourquoi à cette date, en Bretagne armoricaine, les maisons sont soigneu­sement nettoyées, la table dressée, la porte entrouverte.

IMBOLC au 1er février

C'est, christianisée la fête de la Chandeleur ; avant l'ère chrétienne, c'était la fête de la déesse de la lumière Brigit, Bri­gantia, déesse des métiers et de la sagesse, probablement la même que la Bélisama gauloise (cf. Astérix). C'était une fête de purification après les souillures de l'hiver, comme la Chandeleur est une fête de la purification de la Vierge (celle-ci pouvant être comprise comme la Terre-Mère).

BELTENE au 1er mai

Ce serait, selon la revue « Ogam » déjà citée, l'ancien solstice d'été décalé. Beltène serait « le feu de Bel » ou Belenos, Dieu solaire gaulois (Bélisama, déjà citée, signifiant : semblable à Bel).

La veille de cette fête de Beltène, tous les feux du pays étaient éteints et, le jour de la fête, le Roi, au centre du pays d'Irlande, dans la ville sainte de Tara, sur la colline d'Uisnech, rallumait le feu d'où étaient ensuite pris tous les autres feux du pays. C'est un nouveau départ de la lumière, fête très importante nous nous en doutons.

Outre cet aspect solaire, la fête avait aussi un aspect polaire comme en témoigne l'If, arbre des Morts, au sommet de la colline centrale, axe assurant la communication des trois mondes. A Beltène, les sides, séjours souterrains des morts, s'ouvraient éga­lement.

Cet arbre central survit encore dans l'arbre de mai de nos campagnes autour duquel la jeunesse tourne et danse le i»' mai.

Cette glorification du travail provient d'un renouveau cosmique du feu et de la force qu'il donne.

LUGNASAD au 1er août

On fêtait alors le mariage de Lug, Dieu solaire (nasad = noces) avec Tailtiu, la terre nourricière. C'était donc une fête de l'abondance et de la fertilité.

Au Pays de Galles, un gigantesque pique-nique réunissait naguère encore tout un chacun qui mettait ses provisions dans un chaudron commun : celui-ci devenait ainsi quasi inépuisable (nous retrouverons bientôt ce chaudron).

EPONA

Cette évocation de la fécondité nous amène à parler d'une autre grande figure du panthéon celtique : Epona, la Grande Jument, figure largement attestée par des monuments, tous de basse époque bien sûr, répandus de l'Armorique à la Bulgarie, par des textes anciens (Juvénal, Tertullien, etc.) comme par l'épopée irlandaise et galloise.

Elle apparaît comme une jeune femme blonde, assise à droite sur une grande jument allant à droite, suitée souvent de son poulain. La jeune femme tient souvent une pomme d'or (symbole de la sagesse).

On a pu y discerner à la fois une figure de fécondité (elle était fêtée au solstice d'hiver, donc au début de la moitié croissante, divine, de l'année), une figure de la Grande Mère, de la Grande Reine (on pense à Alise-Sainte-Reine) qui a permis dans la période chrétienne son assimilation à la Vierge Marie par le folklore armoricain (voir le conte « Trente de Paris » où l'on voit une grande jument blanche aider le héros à traverser victorieusement toutes les épreuves qui lui sont imposées et qui se révèle à la fin être Notre-Dame ; ce conte confirme le rôle psychopompe d'Epona, clairement indiqué par ailleurs dans l'épopée irlandaise.

Notons en passant que l'importance de cette déesse amenait un interdit quant à la consommation de la viande de cheval, interdit qui s'est poursuivi fort longtemps : ce n'est que le 9 juin 1866 que la vente publique de la viande de cheval a été autorisée à Paris ; et je crois que dans les Iles Britanniques cette consomma­tion est toujours un objet d'horreur.

LE CHAUDRON DE DAGDA

Nous ne pouvons évoquer les symboles de fécondité sans parler du chaudron de Dagda (Dieu « bon », père de Brigit évoquée plus haut à propos de la fête d'Imbolc, la Chandeleur actuelle) : c'est un chaudron d'abondance, nul ne le quitte sans être rassasié. Il ne sert pas, comme chez Astérix, à préparer une potion magique qui donne une force invincible ; mais il a quand même un rôle sacrificiel et magique bien établi : les morts qui y sont jetés reviennent à la vie, les vivants qui s'y plongent acquièrent l'immor­talité.

Et ne croyons pas que ce symbole ait disparu de notre hori­zon mental : en préparant cette planche, j'ai lu fortuitement en première page du quotidien « Le Midi Libre », n° du 11 février 1974 ce titre : « la grippe de M. Pompidou a fait monter la tempé­rature dans le chaudron de la succession ». Qu'est-ce à dire ? pour le journaliste actuel, comme pour les anciens celtes, le chaudron est générateur d'une vie nouvelle et, après le décès de M. Pompi­dou, c'est de là que sortira le nouveau « roi ».

Ajoutons que le chaudron est un centre ; il est suspendu par 9 chaînes et, autour de lui, 9 bardes se tiennent (9 + 1 = 10 symbole de totalité ; nous retrouvons la Tétractys pythagoricienne), chacun avec une lance.

On ne saurait, nous l'avons compris, séparer le chaudron (principe aqueux, yin en chinois, dourel en breton) de la lance (principe igné, yang en chinois, tanel en breton).

Nous retrouverons cette complémentarité dans une des prin­cipales survivances celtiques, j'ai nommé la légende du Graal, où la Sainte Coupe n'est pas sans la lance qui saigne.

Mais voyons plus avant cette symbolique du centre.

LE CENTRE

Comme dans toutes les traditions authentiques, le centre est une figure du centre primordial polaire.

En Gaule continentale une meilleure interprétation du célèbre passage de César (B.G. VI, 13) « chaque année les druides tien­nent leurs assises en un lieu consacré qui passe pour occuper le centre de la Gaule aux confins du pays des Carnutes » et des fouilles récentes permettent de penser que ce « medionemeton » (nemed = sacré) était non pas à Chartres où la grotte dite druidique ne daterait que du XVI° siècle grâce à un chanoine soucieux de préséances, mais à Saint-Benoit-sur-Loire, sur une butte insubmer­sible par les crues de la Loire, butte avec fontaine et de nombreux restes de sacrifices (voir tous arguments dans le n° 11 de la revue Ogam, déjà citée).

En Irlande divisée en quatre provinces périphériques et une centrale. C'est au milieu de cette dernière que se dressait la ville sainte de Tara déjà évoquée (§ 2213) pour le feu nouveau de Beltène.

Au Pays de Galles nous citerons la chanson folklorique au thème bien connu : sur la terre (geste horizontal), il y a une colline (demi-cercle supérieur) ; sur la colline, il y a un arbre (geste vertical) ; sur l'arbre, il y a une branche (geste horizontal supérieur) ; sur la branche il y a un nid (demi-cercle vers le bas) ; dans le nid il y a un oeuf (geste circulaire des deux mains) ; de l’œuf sort un petit oiseau (geste de battement d'ailes).

Tout ceci est assez parlant pour qu'il ne soit pas besoin d'insister.

Plus généralement dans la tradition celtique, outre l'Irlande « I'Ile des Saints », beaucoup d'îles ont joué ce rôle de centre tant à l'époque païenne (Anglesey, détruite par les Romains, cf.

Tacite, Annales XIV, 29, 30) qu'à l'époque chrétienne où les monas­tères s'installaient souvent dans des îles (Iona par exemple).

Notons d'ailleurs qu'en France, la seule sainte nationale qui porte un nom gaulois : Sainte Geneviève, est « par hasard » sortie d'une ville sacrée : Nemetodurum, aujourd'hui Nanterre.

L'oursin fossile dans le même ordre d'idée sur le centre, nous citerons Pline le Naturaliste (XXIX, 53) et ce qu'il appelle « l’œuf de serpent » le qualifiant de « talisman des druides ».

Il s'agit en fait d'un oursin fossile (genre micraster), à symé­trie bilatérale, c'est-à-dire en forme de coeur, sur lequel les zones ambulacraires dessinent une étoile à cinq branches ou, si l'on veut, en termes héraldiques, une quintefeuille. Ce pentagramme au centre du cœur, voici l'homme réintégré au centre de l'Etre.

Ce terme d’œuf de serpent exprimant toutes les virtualités cosmiques est donc parfaitement choisi pour cette figure symbo­lique que les Gaulois tenaient en très haute estime.

LES DRUIDES

Mais il n'est pas possible d'évoquer même cursivement la tradition celtique sans parler des druides.

Par-delà l'image populaire de Panoramix préparant la potion magique dans son chaudron, par-delà l'image non moins populaire transmise par Pline le Naturaliste à tous nos manuels d'écoliers « vêtu d'une robe blanche, le druide monte à l'arbre, coupe avec une faucille d'or le gui qui est recueilli dans un linge blanc » nous tenterons d'en cerner l'image.

Les fonctions de l'étymologie, comme d'habitude, nous éclai­rera. Contrairement à Pline, déjà cité (H.N. XVI, 249) qui tire leur nom du mot grec 8pv signifiant chêne, il faut, semble-t-il, le ratta­cher à la racine celtique : « dru - wid - es » les très savants. César (B.G. VI, 13) précise que « les druides veillent aux choses divines, s'occupent des sacrifices publics et privés, règlent les pratiques religieuses ».

Il convient de les distinguer des filid (poètes) et des bardes (récitants).

Il convient surtout de distinguer l'autorité druidique, sacerdotale, de l'autorité royale. Une maxime de la société traditionnelle irlandaise nous y aidera : « nul ne peut parler avant le roi ; mais le roi lui-même ne peut prendre la parole sans la permission de son druide ».

Nous retrouvons là la division classique dans toutes les sociétés traditionnelles sans qu'il soit besoin d'insister.

Ultérieurement, la figure du druide s'est christianisée en celle du chapelain du roi, son conseiller favori (on pensera dans nos chansons de geste à l'archevêque Turpin auprès de l'empe­reur Charlemagne). A travers la Franc-Maçonnerie britannique où l'Orateur est qualifié de chapelain, ne faut-il pas voir dans l'obli­gation qu'a celui-ci de parler, non le premier mais le dernier, une survivance de ce rôle de conseil dans les choses essentielles ?

Bien qu'il s'agisse d'une époque plus basse, nous évoquerons aussi Saint-Louis, figurant à la fois le roi et aussi un peu le prêtre par son sacre et sa sainteté, donc figurant de façon affaiblie mais réelle l'image du Roi du Monde chère à R. Guénon : c'est naturellement sous un chêne, arbre cher aux druides, figuration mythique du centre du monde, que le Saint Roi rendait la justice.

Le rôle unificateur des druides a fait l'objet de longues dis­sertations. De même qu'en Gaule César évoque un « chef des druides » (B.G. VI 13) « à tous ces druides commande un chef unique qui exerce sur eux l'autorité suprême », de même on a pensé qu'à travers les diverses nations celtiques, séparées voire opposées, il existait une classe sacerdotale unique du Danube à l'Irlande, ayant les mêmes règles de pensée et de vie, dispensant le même enseignement. On a tiré pour cela argument de la numis­matique celte : d'un bout à l'autre du monde celte, les mêmes types de monnaie avec des motifs décoratifs et symboliques ana­logues ou même identiques apparaissent aux mêmes périodes. Ce n'est pas impossible ; mais rappelons-nous le caractère uniquement oral de l'enseignement druidique et l'absence de toute archive qui en découle et restons prudents.

Notons que les druides formaient non pas une caste fermée mais une classe non héréditaire ouverte à quiconque s'en montrait digne par de longues études et des dispositions appropriées.

Quoi qu'il en soit, le rôle du Druide apparaît bien comme celui du sage, complémentaire de celui du roi qui représente la force. La beauté, ou la fécondité, sera l'apanage de la troisième classe, celle des artisans.

LE SYMBOLISME DE LA PIERRE

A lui seul, ce sujet mériterait une planche entière. Dans le cadre si vaste qui nous a été tracé, nous ne pouvons que l'effleu­rer allusivement sans le traiter à fonds.

Comme chez d'autres peuples, la pierre est considérée par les Celtes comme un lieu unissant le Ciel — d'où elle peut être tombée (pensons aux pierres de foudre) et la Terre, sur laquelle elle s'appuie, elle prend force. Elle est donc, comme l'homme, un intermédiaire entre les deux.

Mais elle est bien plus : elle est aussi le fondement de la Terre ; c'est alors la pierre primordiale sur laquelle le monde repose. L'on pensera à la transposition chrétienne : le Christ, pierre rejetée par ceux qui bâtissaient, est devenue la pierre de l'angle sur laquelle tout repose. L'on pensera aussi à la transposition talmudique : la Shethia, pierre fondamentale remplaçant l'Arche d'Alliance.

Sans entrer dans la différenciation entre civilisations de la pierre taillée et civilisations de la pierre brute, il faut noter que les anciens Celtes construisaient en bois et ne taillaient guère la pierre. Pour eux, semble-t-il, la pierre brute symbolisait Celui qui n'a pas de forme. Celui qui n'a pas été créé de main d'homme. Ils le représentaient sous deux aspects, bien entendu complé­mentaires ; la pierre dressée ou menhir (aspect « tanel » yang, igné, masculin) et la pierre couchée ou « dolmen » (= table de pierre) (aspect « dourel », yin, aqueux, féminin). Nous avons déjà vu cette complémentarité à propos du chaudron qui ne va pas sans la lance.

En complément de cette vision statique binaire menhir-dolmen, il faut évoquer la représentation dynamique de la pierre qui des­cend du Ciel (pierre de foudre ou béthyle) avant d'y remonter grâce aux efforts personnels de l'homme, sur lui-même d'abord, qui permet de transformer la pierre brute en pierre taillée harmo­nieusement. Tous ces symboles nous sont très familiers et nous retrouvons ce symbolisme de la pierre dans bien d'autres tradi­tions anciennes et médiévales, l'alchimie en particulier qui fera, nous l'espérons bien, le sujet de planches dans les années qui viennent.

Un autre aspect de la pierre courbe (cromlech en celte) dans les survivances celtiques au Moyen Age, dans ce qu'on a appelé la Matière de Bretagne, c'est cette pierre creusée, ce vase de pierre précieuse, cette escarboucle tombée du front de Lucifer lors de son exil du Ciel, miraculeusement transmise de généra­tions en générations, objet de la quête la plus sublime des plus purs parmi les plus purs, j'ai nommé le Saint Graal, vase qui servit à la célébration de la Cène du Jeudi Saint et qui recueillit le précieux sang des plaies du Crucifié le Vendredi Saint.

III. - LES SURVIVANCES DE LA TRADITION CELTIQUE

Cette évocation des plus sommaires du Graal nous amène à nous interroger sur les survivances de la Tradition Celtique chez nous Francs-Maçons de la fin du XXe siècle.

Ces survivances sont nombreuses et posent le problème des moyens par lesquels elles sont arrivées jusqu'à nous, Francs- Maçons du rite écossais, l'Ecosse étant, nous le savons, une terre celte.

Exotériquement, c'est la littérature irlandaise épique du Moyen Age qui a été le principal vecteur.

Mais ésotériquement quelle a été la voie ? Je serai reconnais­sant aux Frères qui pourront m'éclairer sur ce point.

Tentons de dégager quelques-unes de ces survivances d'abord dans l'initiation, ensuite dans le rituel.

Les sides celtiques, souterrains séjours des morts qui vont revenir à la vie sont comparables au cabinet de réflexion où le nouvel initié, tel le germe enfoui, doit d'abord mourir pour renaître ensuite à une vie nouvelle.

Le rôle des métaux était très important dans la vie courante des Celtes, réputés pour leur métallurgie et leur orfèvrerie. Mais dans les Iles de l'Occident, le Pays de la Jeunesse, la Grande Plaine, en un mot le séjour de ceux qui ont traversé la mort et qui vivent d'une vie nouvelle, le fer est là-bas inconnu ; ceux qui y vivent ont dépouillé leurs métaux avant d'y parvenir.

Les mutilations rituelles des Fomoïrés, êtres chtoniens, pre­miers occupants de l'Irlande, garants de sa fécondité, détenteurs de pouvoirs magiques du fait même de leur contact avec le sol, portent sur le pied droit et sur le bras gauche, membres que nous nous contentons de dénuder lors de l'initiation au 1er degré.

Ces mutilations assuraient à ces Fomoïrés un meilleur contact avec la terre et par suite des pouvoirs magiques.

Ajoutons que ces Fomoïrés passaient aussi pour être borgnes. Y a-t-il, dans quelque rite de la Franc-Maçonnerie le fait de ne bander qu'un seuil oeil ? Je ne sais si nous avons conservé cet aspect de la tradition.

Les voyages « immrama » à but initiatique sont fréquemment racontés au sujet des héros de la mythologie celtique.

Avant qu'ils ne passent au Moyen Age dans la Matière de Bretagne, spécialement dans la Quête du Graal, où le chevalier ne devient parfait et n'atteint son but qu'après de nombreux voyages générateurs d'épreuves à surmonter, il faut au moins mentionner ce caractère particulier des premières chrétientés celtiques si originales où les « pélerins » voulant vivre pleine­ment leur foi s'exilaient, non vers un but de pélerinage précis mais « pour l'amour de Dieu » pour s'abandonner à sa volonté et mieux renoncer à eux-mêmes, pour là encore renaître à une vie nouvelle à travers les séries d'épreuves que leurs réservaient ces voyages ; voyages le plus souvent maritimes dont le type est le voyage de saint Brendan de Clonfert.

Les lettres dans le bûcher des morts.

Lors des funérailles, les Gaulois confiaient aux flammes des lettres à destination des morts.

De même, le néophyte, symboliquement mort à la vie profane, voit disparaître dans les flammes avec son testament une vie nouvelle ; il est donc normal, puisque le vieil homme est mort, qu'une lettre contenant ses pensées soit brûlée pour aller le rejoindre.

La remise du tablier jusqu'à ces dernières décades, le tablier que nous portons était, paraît-il, non pas en peau d'agneau (qui évoque le Feu du Bélier, signe de commencement, de renouveau) mais en peau de porc, animal d'ailleurs impur pour la tradition judéo-chrétienne,

Dans un texte épique irlandais, les fils d'un héros partent à la conquête d'une peau de porc qui guérit toutes les blessures lorsqu'on s'en enveloppe le corps.

Rappelons que pour les Celtes, le sanglier, porc sauvage, est une figure de l'initié, du druide détenteur de la sagesse. Merlin le druide dit à ses jeunes disciples « venez auprès de moi petits marcassins ».

Le secret différé dans la légende du Graal, l'oncle maternel de Perceval, l'ermite Trévizent, instruisant, initiant son neveu, le mettant sur le chemin, lui révèle certaines choses que Perceval ne comprendra que plus tard.

L'initiation que nous avons reçue n'est-elle pas analogue et n'est-ce pas plus tard, bien plus tard que nous aurons saisi tout le sens ?

Après ces survivances dans l'initiation, nous chercherons à en retrouver dans le rituel de nos tenues.

L'orientation dans la tradition celtique, l'Est est devant, le Nord à gauche, etc. Dans la langue bretonne actuelle, c'est encore le même mot qui paraît-il désigne le Sud et la droite.

La latéralisation dans toute la tradition celtique, la droite a un sens favorable, la gauche un sens défavorable. Présenter la gauche à quelqu'un est signe de malheur, d'hostilité, de bravade ou d'incorrection.

C'est donc, paradoxalement, le rite français qui semble avoir hérité de cette tradition — alors que nous qui travaillons au rite écossais présentons, dès notre entrée dans le Temple le flanc gauche à nos Frères. Il est vrai que nous présentons alors notre côté droit, lors de nos circumambulations dans le Temple au centre de celui-ci qui contient le tableau de loge — et le Trait.

Le maillet est l'attribut du Dieu Sucellus, que nous avons déjà étudié (§ 211), Dieu de la mort et de la vie ; nous avons déjà souligné le caractère ambivalent de ce maillet.

Les trois cris de lumière d'après le bardas, texte traditionnel celtique, la Divinité s'est manifestée en créant le monde par trois cris (ou trois rais) de lumière que l'on vocalise, non pas par la répétition du même terme trois fois, mais par trois lettres : O, I, W, dont la somme exprime l'Etre des êtres. Il y aurait, bien sûr des rap­prochements à faire avec d'autres traditions qui vocalisent le Nom.

De même, la batterie de deuil triple acclamation avec batte­ments de mains, se trouve déjà chez les héros de l'épopée Irian­daise.

L'accolade fraternelle est déjà triple chez les héros celtes.

L'épée et la baguette. Nous retrouvons encore ici une paire de complémentaires. Dans les opérations de magie celtique, la baguette, normalement en bois de frêne, joue le rôle de conden­sateur des énergies errantes (pensons à la baguette magique de nos fées).

L'épée aura pour rôle de disperser ces énergies qui pourraient nuire à l'expression spirituelle du groupe en ce lieu et à ce moment- là (dans le folklore irlandais, le port d'une épée protège contre les fantômes).

De même, au début d'une tenue, une baguette et une épée croisée purifient-elles le Temple et favorisent-elles l'expression de l'égrégore.

Nous comprenons mieux maintenant le sens apotropéique de la voûte d'acier dressée au-dessus d'un visiteur éminent ou, dans le monde profane, au-dessus des jeunes mariés à la sortie de l'église où ils viennent de s'unir.

L'Universel Artisan Lug, Dieu solaire qui vit encore parmi nous grâce aux villes françaises qui portent toujours son nom (Lugdu­num = la ville de Lug, qui a donné Lyon et Loudun), se présentant à Tara, centre sacré, « milieu » de l'Irlande, au palais du roi Nuada, est « tuilé » à l'entrée par le portier, nous dirions par le « cou­vreur », par le gardien du seuil.

Il s'y déclare « charpentier, forgeron, champion, harpiste, guerrier, magicien, médecin, chaudronnier ». En quelque sorte, il est poly-technicien « il-danach » (= qui possède des techniques nombreuses). C'est l'Universel Artisan ; et l'on ne peut pas ne pas penser aux Pythagoriciens (Pythagore aurait été, dit-on, initié aussi chez les Celtes) et au « Théos Technitès », le Dieu arrangeant avec art, qui fut plus tard appelé par la tradition pythagoricienne le G.A.D.L.U.

Notons en passant la qualification première de charpentier prise par Lug — à rapprocher de I'Evangile selon saint Marc VI, 3 où Jésus est ainsi qualifié « n'est-ce pas le charpentier ? » (et non pas le fils du charpentier Joseph).

Les repas rituels aux grandes fêtes (Samain, etc.), c'est dans une salle rectangulaire ou L = 4 I, orientée, appelée « salle du Milieu » (chambre ?) qu'a lieu le banquet rituel de « Fes Temrach » donné par le roi.

La place de chacun y est assignée suivant son rang ; au centre sont le feu et l'eau, symboles du binaire fondamental.

Les mets servis ont une valeur rituelle : œuf d'oie (com­mencement), sanglier et saumon (sagesse), le tout assaisonné de miel (nourriture d'immortalité d'origine aérienne et solaire) et accompagnés de bière et d'hydromel (simple et double fermen­tation, symbole, pour le 2e, d'une double mort initiatique).

Le feu nouveau, rallumé à cette occasion, le premier de tout le pays, souligne, comme tout dans le repas, le renouvellement du monde ; nous songeons tout naturellement à cette devise bien connue « ordo ab chao ».

La chaîne d'union

Cuchulainn, le principal héros épique irlandais, à résonance solaire, Fer Diad et d'autres disciples du druide Scathach, après le rite de mélange des sangs — qui ne semble pas avoir subsisté chez nous — se prennent par les mains circulairement et jurent de se considérer comme frères et de donner leur vie les uns pour les autres.

Les nombres

Le temps nous manque pour étudier les valeurs des nombres impairs supérieurs à trois, très significatifs dans la tradition cel­tique.

Mais nous ne voulons pas quitter le symbolisme de la Loge sans mentionner que dans la mythologie irlandaise nous trouvons parmi les peuples de la Déesse Dana (Thuatha Dé Dannén).

— Dagda, le druide, représentant la sagesse (pensons à son chaudron),

— Nuada, le roi « à la main d'argent », qui représente la Force,

— Ogma, le champion, inventeur de l'écriture ogamique, Dieu de l'éloquence, qui représente la Beauté.

CONCLUSIONS

Tout en ayant été fort long, j'ai le sentiment des lacunes de cette planche. Il y aurait encore énormément à dire sur ce monde traditionnel celtique qui revit en nous tant en Loge que dans le monde profane.

Heureusement, d'autres viendront après moi qui parleront de la mythologie occidentale, du fils du Dieu solaire Bélénos (Belin dans la toponymie française), ce Gurgunt, popularisé sous le nom de Gargantua qui, d'Est en Ouest, suivant la course du soleil, a laissé des traces depuis le mont Sainte Odile en Alsace jusqu'au mont Saint Michel, voisin de l'ilôt de Tombelaine (tombe Belène, tombeau de Bélénos où le soleil meurt dans la mer).

Si j'ai été trop long, au moins vous saurez, que la Lumière ne vient pas seulement de l'Est ou du Sud-Est mais aussi du Nord.

Vous ne serez plus de ceux, comme l'a dit R. Guénon, qui n'osent pas traverser la Méditerranée.

Source : www.ledifice.net