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Loge de Recherche Laurence Dermott

Rechercher dans la Fraternité et la Tolérance.

Les Luminaires : le Soleil et la Lune

Publié le 7 Janvier 2014 par M\ D\ in Planches

Le profane est dans un état « amorphe ». Par définition ce mot désigne qui n’a pas de forme apparente ou une structure bien déterminée. Une âme sans structure ne peut que vivre dans la confusion. Le profane qui vit dans le chaos intérieur est de ce fait, dans un statisme qui le prive substantiellement de toute ambition spirituelle. Le profane est entouré par les ténèbres ou, comme on dit couramment, il est dans le noir. Le mot noir provient du latin « Niger ». Le noir est la sensation produite par l’absence, voire par l’absorption complète de tous les rayons lumineux. Cette perception peut être élargie à tous les objets produisant la même réaction. Le noir se caractérise essentiellement comme une absence de lumière empêchant les couleurs d’apparaître dans leur tonalité visible. On dit généralement qu’être dans le noir équivaut à être dans l’obscurité et donc à ne rien comprendre. Néanmoins, lorsque dans le domaine des arts graphiques on veut produire du noir très dense, on doit lui ajouter trente à quarante pour cent de bleu. En effet, ajouter du noir au noir le « salirait » en le laissant toujours plus gris que noir. Dans la nature, la nuit n’est jamais noire. Ce qui laisse présager de bons auspices. Dans le monde profane le noir est souvent symbole de deuil et de détresse. Il peut évoquer le pessimisme et la peur ou alors, plus couramment, il est directement lié à la tristesse. De cela, toutes les expressions passées dans le langage populaire. Ci après, à titre d’exemple, quelques-unes des citations parmi les plus répandues : se mettre dans une colère noire, être la bête noire, être dans le désespoir le plus noir, se faire un sang d’encre noire, avoir les idées noires, ou encore, se trouver dans la misère noire, être sur la liste noire, travailler au noir, etc. Malgré cela, dans le monde profane le noir offre également un autre visage décidemment plus positif. Ceci, sans pourtant exprimer de sentiments passionnés. Au contraire, le noir s’impose avec pureté et sobriété. De ce qui précède, il est loisible de constater que le noir est directement associé à la dignité et à l’autorité, celui des juges et des arbitres par exemple, mais aussi à l’austérité et à la frugalité ou encore à l’élégance et au raffinement. Dans l’Égypte ancien, le noir avait une symbolique positive. Dans la langue des pharaons, le verbe « kem », qui provient du mot « noir » veut dire : mener à bien, s’élever à, accomplir mais le mot « kem » veut dire aussi : complet, parfait, obligation, devoir. Dans la Loge, les Apprentis siègent au septentrion et les Compagnons au midi. Les Maîtres sur l’une ou l’autre colonne pour éclairer et guider les frères Apprentis et Compagnons moins expérimentés. La partie la moins lumineuse est métaphoriquement affectée au septentrion. En effet, l’Initié qui vient de sortir des ténèbres représente inéluctablement le membre le moins éclairé et le moins érudit de l’Institution Maçonnique. De ce fait, il évoque la pierre brute qui nécessite considérablement de travail, soutien et réconfort. L’Initié pour émerger du noir doit travailler avec assiduité et constance et ceci d’une part, pour mériter la confiance et l’amour fraternel qu’on lui a accordé et d’autre part, pour rechercher la paix, l’harmonie et l’équilibre entre lui-même, son corps et son âme. Ce qui au fur et à mesure édifiera les efforts produits et gratifiera son travail. Tous les Initiés avant de commencer leur aventure, étaient métaphoriquement dans le noir. Les initiations se confèrent la nuit car tout ce qui se rapporte à la génération de la vie nouvelle se produit dans le noir. Pour les nouveaux frères le noir représente le point de départ. A ce propos, il me semble utile de rappeler que Jésus est né à minuit, au cœur symbolique de la nuit, au plus profond de l’obscurité. L’Apprenti ne peut qu’associer le noir à l’inconnu, et je dirais, à ce qui est dissimulé à ses yeux ou tout simplement, à ce qu’il n’arrive pas encore à voir et plus précisément pas encore à comprendre ou à interpréter, car la cécité qui engendre le noir tout autour de lui, est substantiellement intérieure.

L’Apprenti n’est tout simplement pas prêt.

Aussi, j’affirme sans hésitation que nous sommes et nous resterons toujours apprentis car nous aurons toujours quelques choses à découvrir et à apprendre et ceci indépendamment du statut de chacun, des études effectuées, des expériences vécues ainsi que de l’intelligence et volonté propre à chacun de nous. Pour revenir au fil conducteur de mon travail, dans la Loge les Luminaires : le Soleil et la Lune, se trouvent à l’Orient derrière le plateau du Vénérable Maître. Dans une optique cartésienne on pourrait s’attendre à voir le Soleil disposé à l’Orient et la Lune positionnée à l’Occident. En revanche, selon l’esprit de l’Univers de la symbolique de la Loge, il prédomine une cohérence spirituelle qui nous amène à rechercher une sensation d’harmonie intérieure. Ce que la logique du monde profane ne pouvait pas nous apporter. Dans les rites anciens, on retient trois grandes Lumières : la Bible, l’Equerre et le Compas et trois petites Lumières : le Vénérable Maître, le Soleil et la Lune. Dans les Rites modernes, c’est précisément le contraire. Il est utile de rappeler que le Rite Emulation, tel que témoigné par la documentation concernée, qui remonte au 27 novembre 1823, est parmi les Rites les plus anciens.

Au Rite Emulation, le Soleil se trouve à gauche tandis que la Lune se trouve à droite.

La position du Soleil et de La Lune peut varier d’un Rite à l’autre. Les explications trouvent leurs origines dans l’influence que la foi a pu exercer dans le temps, sur les différents Rites. Ce qui explique aussi les diversifications qui existent entre les anciens et les nouveaux rites et plus en général, entre un Rite et l’autre. La première vision de tout Initié qui entre dans la Loge, est celle du Soleil et de la Lune qui encadrent le Vénérable Maître. A ce moment donné, le Soleil et la Lune expriment un concept qui dépasse l’Initié. Ceci, d’autant plus que son attention est littéralement captivé par le Vénérable Maître qui s’impose pendant toute la durée de la cérémonie d’initiation. Par la suite, l’Apprenti réalisera que le Vénérable Maître imprimera la cadence des toutes les tenues régulières auxquelles il aura la possibilité d’assister. Le Vénérable Maître ouvre la Loge et dirige les travaux. Dans la Loge on travaille symboliquement de midi, quand le Soleil est au zénith, jusqu’à minuit, quand le Soleil est au Nadir. Le travail est donc placé sous la lumière descendante. De ce qui précède, le début des travaux coïncide avec le midi, quand la lumière est à son maximum d’intensité, tandis que la fin des travaux corresponde à minuit, quand la Lune reflète la lumière solaire. Le Soleil actif et la Lune passive, marquent ainsi l’opposition permanente qui les caractérise. Toutefois, lumière et obscurité vont de pair sans s’opposer. Au contraire, leurs qualités propres s’ajoutent et se complètent et contribuent à la transformation progressive du jeune Initié mais aussi de tous les Maçons. Ceci, selon un processus alchimique qui vise à obtenir, comme déjà énoncé ci-avant, la juste harmonie entre le corps, l’esprit et l’âme. Le Soleil, générateur de lumière, est l’emblème de l’énergie mais aussi de l’intellect et de la raison et il éclaire les esprits. Le Soleil désigne par excellence la composante masculine et représente l’élément feu. La Lune symbolise la compréhension et la tolérance propres à la féminité. C’est la figure maternelle qui se révèle avec son mouvement croissant et décroissant qui régularise les rythmes naturels. La Lune représente l’élément eau. Le Soleil et la Lune représentent donc l’alternance d’ondées et d’éclaircies, d’équilibre et d’instabilité, d’activité et de repos, de blanc et de noir. En définitive, la dialectique de l’opposé à laquelle nous sommes confrontés au quotidien. La Lune en tant que Luminaire, est le reflet du Soleil et comme lui est significative de santé. La Lune atteint sa plénitude à l’opposition du Soleil. Elle se lève quand lui se couche et, pendant toute la nuit, elle sert de relais. Elle ne subit pas la lumière radieuse et éblouissante du Soleil. Elle la prend pour la rediffuser successivement mais en la dosant judicieusement. La Lune n’a pas un rôle secondaire. Les deux Luminaires sont complémentaires et si l’un domine le jour, l’autre règle la nuit. Ensemble ils évoquent la mort et la résurrection et accompagnent de manière indissociable le chemin de tous les Frères. Pour les Egyptiens l’Orient représentait le monde des vivants tandis que l’occident représentait le monde des morts. Aussi, ils croyaient que le Soleil allait se régénérer pendant la nuit. Les Egyptiens vénéraient plusieurs dieux. Parmi les plus connus, il y avait le dieu Râ ou dieu Soleil qui était indiscutablement le plus important. Plus récemment, nous constatons que l’empire Inca était très structuré et bureaucratisé, et que leur société fut l’une des mieux organisées et des plus disciplinées qui aient jamais existé. La civilisation Inca, qui a connu son apogée au 15ème siècle, vouait un culte au Soleil. Leur empereur, appelé « Inca », était considéré comme le fils du Soleil. Aussi, nous noterons que le culte de « sol invictus » l’invincible Soleil, devint très répandu dans le Rome ancien. La popularité du culte du Soleil influencera successivement l’adoption chrétienne de plusieurs pratiques, dont celle du Dimanche. Les Indiens d’Amérique, peuple qui s’est distingué pour les pratiques ésotériques, dont les connaissances se transmettaient de bouche à oreille, attribuaient au Soleil et à la Lune une valeur symbolique qui influençait significativement leur quotidien. J’ai toujours éprouvé une forte fascination pour ce peuple et actuellement, je ne peux pas dissimuler mon émerveillement face à certaines affinités, puisque je suppose que la Maçonnerie est la dernière institution du monde occidental qui préserve et pratique des procédés traditionnelles. Une tradition conçue comme la transmission d’une influence spirituelle strictement liée à un rituel. C’est pour cela que la tradition initiatique n’est pas comprise ni parfois acceptée par le monde profane.

La tradition initiatique ne laisse pas de traces écrites !

Il est notoire que l’absence de Soleil, notamment en ce qui concerne son influence sur la température, empêcherait toute forme de vie. Toutefois, si l’on minimise le problème de la température, pas de soleil, cela voudrait dire, pas de saison et en conséquence pas de synthèse de la chlorophylle pour les plantes qui viendraient à disparaitre. Il est évident que sans la végétation il n’y aurait plus d’herbivores et donc pas de carnivores…et tout s’écroulerait inexorablement comme un château de cartes. L’homme subit lui aussi, de manière directe, l’influence du Soleil. Selon des études scientifiques, le comportement des humains est commandé par la « physiologie ». Cette science étudie le rôle, le fonctionnement et l'organisation mécanique, physique et biochimique des organismes vivants et de leurs composants ainsi que les interactions entre un organisme vivant et son environnement. Le Soleil exerce un effet direct sur une parte de notre chimie corporelle et notamment en ce qui concerne la quantité d’albumine dans le sérum sanguin. L’albumine est essentielle pour le maintien de la pression oncotique indispensable à la bonne répartition des liquides entre les vaisseaux sanguins et les tissus. Après m’être attardé sur le Soleil, je suis assez impatient d’approfondir l’autre Luminaire qui surplombe la colonne du sud, celle des compagnons, la Lune. En « Sanskrit » la Lune se nomme « Mas ». J’aimerais attirer l’attention sur le fait qu’il faut considérer le « Sanskrit » non comme la langue d'un peuple, mais comme une langue de culture qui a toujours été l'apanage d'une élite sociale, du moins depuis l'Antiquité. C'est notamment celle des textes religieux hindous et, à ce titre, elle continue d'être utilisée, à la manière du latin aux siècles passés en Occident, comme la langue qui véhicule la culture. Une déesse, « Mena » représentait la vitalité et la jeunesse ainsi que la défense face à l’adversité. Aussi elle incarnait la Déesse de la période de règles des femmes et par conséquent celle de la fécondité, de la gestation et de la transformation. La racine « ME » qui se retrouve aussi en Europe, signifie mesurer mais aussi milieu ou encore atteindre pleinement. Dans la Loge, la Lune est symbolisée par un croissant de cinq jours en plein progression. Je me compare à elle car moi aussi, je suis dans une phase de développement progressif. En ce qui concerne la Lune, elle ne possède pas sa propre lumière mais reflète la lumière du Soleil. Je dirais comme moi que je m’exprime encore très souvent à travers les paroles des Frères plus expérimentés. Les phases de la Lune se perpétuent de manière immuable. De mon côté, je cherche perpétuellement, à travers un travail de perfectionnement, à m’améliorer. Le cycle croissant de la Lune culmine avec le cercle parfait, qui nous subjugue, mais aussitôt elle replonge dans l’obscurité. Je suis captivé par ce phénomène parce que pour moi représente l’exhortation à continuer à travailler ainsi qu’à me remettre toujours en cause.

La Lune n’est pas passive et d’ailleurs, comment j’aurais pu avoir des doutes !

La Lune influence les semailles et les récoltes mais influence également les marées. La Lune a une influence aussi sur les animaux, qu’ils soient domestiques ou sauvages. Et d’autre part, la phase lunaire dure vingt-huit jours. Exactement comme le cycle menstruel de la femme. Encore plus extraordinaire est le fait que c’est en correspondance de la pleine-lune qu’on enregistre dans le monde entier, sans aucune distinction, le taux le plus élevé de naissances. De même, pour les animaux. Enfin, la Lune influence notre psychisme et donc notre santé. La Lune régit tout ce qui est liquide et notre corps est en majorité composé d’eau. De ce fait, certaines pathologies humaines sont plus ou moins fortes selon la période du cycle lunaire. Je regarde la Lune, et ceci, aussi bien en dehors qu’à l’intérieur de la Loge, et je suis de plus en plus respectueux envers elle. Elle ne m’assèche pas, elle ne m’opprime pas. La Lune propage sa lumière sagement, afin de m’obliger à ouvrir les yeux et à scruter attentivement tout ce qui m’entoure. Tout ce que dans le passé, même s’il était devant moi, je n’arrivais pas ni à entrevoir ni à percevoir. Tout ce qui à cause de mon aveuglement intérieur, me laissait froidement insensible. Et cette illumination qu’on peut recevoir n’est pas un bien matériel. Elle appartient au bien spirituel et le bien spirituel n’appartient pas au temps. Le bien spirituel consiste à se laisser inonder par la lumière et redécouvrir les montagnes, les océans, le firmament, la flore, la faune et, d’une manière générale, tout ce qui nous entoure et pressentir que tout est ou pourrait être envahi de lumière. Aussi, je constate que les deux lumières nous donnent un message clair. Le Soleil se trouve devant la colonne « B » que signifie « en f… » et la Lune devant la colonne « J » que signifie « é… ». Les deux Luminaires associés aux colonnes respectives, symbolisent deux forces qui agissent en synergies. La première représente la puissance qui illumine pour la première fois l’Initié et la deuxième la réception durable de cette Lumière et fondamentalement de ce qu’elle incarne. Juste avant la fin de mon travail mes Frères Compagnons, je me suis posé une question : Pourquoi la Lune, qui se caractérise pour ses phases, ascendantes et décroissantes, dans la Loge ne change pas ? Après réflexion j’ai trouvé une réponse.

Ma réponse !

Et alors mes chers Frères Compagnon j’aimerais vous retourner la question : « pourquoi selon vous dans la Loge la Lune ne change pas ? » De mon côté j’ai eu une intuition et je pense, au moins pour le moment car la pierre que je suis est constamment en évolution, d’avoir identifié la raison. Cependant, dans le respect du serment solennel que j’ai prêté lors de mon initiation, je ne révélerai jamais ce que je découvre dans la Loge ou pendant mon travail maçonnique en général. Je m’engage à garder en moi et pour moi tout secret, parce que je suis profondément et sincèrement convaincu qu’il doit rester soigneusement celé pour le bien de la Maçonnerie ainsi que pour préserver ma paix intérieure. Aussi, je suis persuadé que les secrets maçonniques resteront un mystère pour ceux qui n’ont pas reçu la lumière, et, ceci, même s’ils considèrent en avoir saisi l’essence. Chaque secret recèle en toute probabilité un ou plusieurs secrets plus profonds et intimes qui amènent à la lumière et donc à la connaissance. Ceci dit, le secret maçonnique je le garderai jalousement dans le plus profond de mon âme. Je ne violerai jamais ma promesse, car ce don qu’on m’a confié, le secret que j’ai décelé ou que je découvrirai, je l’emporterai avec moi dans la tombe !D’autre part, peut être que mon interprétation ne coïncide pas avec vos opinions. Ou alors, seulement partiellement. Peu importe mes Frères, nous sommes tous différents mais c’est notre diversité qui fait notre force car ce qui compte réellement sont les valeurs que nous partageons. Et dans la Loge, peu importe la religion, la politique, le travail, les revenus, la voiture qui nous amène, la montre qu’on porte ou le téléphone qu’on utilise. Ce qui compte en réalité est ce que notre esprit ressent dans le plus profond de notre conscience morale et moi je suis persuadé, que nos sentiments pourraient différer sensiblement de l’un à l’autre, sans pourtant diverger radicalement.Toutefois, ce qui pour moi est encore plus remarquable, c’est que dans la Loge j’ai la certitude que je vous montrerai toujours mon vrais visage et vous le votre…et que je pourrai toujours compter sur vous et vous sur moi, mes Frères.

Source : www.ledifice.net