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Loge de Recherche Laurence Dermott

Rechercher dans la Fraternité et la Tolérance.

En 1913, un Frère et une Loge ont tout changé..

Publié le 10 Janvier 2010 par Thomas Dalet in Histoire de la Franc-Maçonnerie

Délibération du Centre des Amis du 5 novembre 1913

   

O. de Paris, le 5 novembre 1913

  

Resp. Loge le Centre des Amis O. de Paris

  

Considérant :  

Que le GO de France a supprimé en 1913 de ses Rituels Rectifiés de 1778, les

Invocations d'ouverture et de fermeture ainsi que l'admirable Symbole du Grand

Architecte de l'Univers qui lui avaient été garantis par le Grand Orient lors du

réveil du Rite au GO (1910)

Considérant :

Que le Grand Orateur du Convent de septembre 1913 a déclaré que le

Symbole du Grand Architecte de l'Univers était contraire à l'art. 1 de la

Constitution et que cette prétention blesse la Foi maçonnique des membres de

la R.L. Le Centre des Amis.

Considérant :

Que le Convent de 1913 à refusé de donner suite aux réclamations de la Resp.

Loge le centre des Amis, qui demandait qu'on lui laisse ses anciens Rituels

justes et parfaits, ainsi que ses ouvertures, fermetures à l'invocation du

G.A.D.l'U.

Considérant :

Que le Convent a voté à la presque unanimité l'ordre du jour, marquant ainsi

son "oubli" des engagements pris vis à vis de la Resp. Loge le centre des Amis.

Cette Loge a décidé à l'unanimité :  

De quitter régulièrement le Grand Orient de France, de déléguer ses pouvoirs à

la nouvelle obédience régulière connue sous le nom de  

Grande Loge Nationale Indépendante et Régulière

à charge pour elle de rétablir en France des Loges justes et parfaites aux 3

premiers degrés, Apprentis, Compagnons et Maîtres, dans l'axe de la Franc

Maçonnerie Universelle et reconnues comme telles par la Grande Loge

d'Angleterre, notre Mère à tous.  

La Loge Le Centre des Amis prête serment d'obéissance et de fidélité à la

nouvelle Obédience Régulière.

  

Paris 5 nov. 1913

Par Mandement de la R.L. et par Ordre

Le Centre des Amis.

Dr E. de Ribaucourt, V.  

Dr G. Bastard, Secr.   Paul Pottier, Or.  

M. Macaigne 

Discours d'Édouard de Ribaucourt au convent de 1913

  

« R.M., mes FF., ce n'est pas sans émotion et découragement que je prends la parole aujourd'hui à cette tribune. Les nombreux amis que j'ai au Conseil de l'Ordre m'ont dissuadé de porter notre différend devant cette assemblée en me disant que le Convent ne comprendrait pas et ne pourrait comprendre les choses que je vous exposerais.

A cela j'ai protesté énergiquement et j'ai répondu que, le Convent étant souverain, il était la seule autorité à laquelle il nous était possible de recourir légalement…


Je suis chargé par la R.L. Le Centre des Amis, du Rite rectifié, de porter officiellement à votre connaissance les faits suivants :

Lorsqu'en 1910, nous avons quitté l'obédience de Genève, nous nous sommes constitués en Loge Régulière du GO de France, en nous conformant aux articles 239 et 242 du Règlement général qui nous permettait l'exercice de rites anciennement pratiqués en France. Il y eut des engagements préalables pris par les deux plus hautes autorités du GO, je veux parler de notre distingué F. Bouley, alors président du Conseil de l'Ordre, et notre regretté F. Blatin, alors Grand Commandeur du Grand Collège des Rites.

En effet, au cours des pourparlers préliminaires, notre F. Bouley nous assura devant témoins, je veux parler de notre F.B…. qu'on ne toucherait pas à notre rituel et que l'ouverture "A la Gl. du G.A. de l'U." serait respectée. Notre F. Blatin examina longtemps notre rituel et nous pria de remplacer une prière préliminaire par un prélude non dogmatique ; nous acceptâmes, et ce fut lui-même, de sa main et d'un jet, qui écrivit le splendide prélude qui fait la raison d'être de notre rite en France ; je vous en donnerai lecture dans un instant.

Pour justifier l'emploi de la formule du "G.A. de l'U." , il introduisit dans ce prélude une explication, très maçonnique qui ne pouvait laisser aucun doute de la signification non dogmatique de cette formule.

En résumé, les obligations de la nouvelle Loge librement consenties de part et d'autre furent les suivantes… (et Ribaucourt de lire les quatre points contenus dans son article de 1912 déjà cités).

Ce qui ressort clairement de ces lignes, c'est que la L. le Centre des Amis reconnaissait le Grand Orient comme son Grand Directoire et adoptait le Règlement général de l'Ordre comme le sien et qu'en échange le Grand Orient de France lui garantissait ses invocations d'ouverture et de fermeture.

J'appuie sur ce fait, car, s'il maintenait cette suppression, le Grand Orient de France pourrait s'apercevoir, un peu tard, qu'il aurait délié par le même fait la L. le Centre des Amis de son serment de fidélité. L'un ne va pas sans l'autre…Voici ce qui nous a été garanti par le F. Blatin… (de Ribaucourt lit ici les invocations écrites par Blatin, citées en note).Voilà, mes FF, l'admirable morceau que notre F. Blatin a bien voulu nous écrire d'un seul jet.


Et maintenant y a-t-il parmi vous des FF. qui aient assisté à nos travaux et qui aient été blessés par cette splendide ouverture qui a fait l'admiration de certains Grands Officiers de la Grande Loge d'Angleterre et de la Grande Loge Nationale d'Ecosse . Non. Depuis trois ans, nous nous sommes servis de notre exergue et de nos rituels aux trois degrés et, jamais chez nous, il n'y a eu de discussions regrettables. Nous avons travaillé modestement sans bruit, en limitant nos efforts à la reprise des relations maçonniques internationales, afin de servir la cause de la paix

universelle. Peu après le passage de notre Loge au Grand Orient, notre regretté ami et F. Blatin mourait. Nous étions alors privés de son appui éclairé, droit et consciencieux. Lui du moins n'aurait jamais permis que des engagements solennels ne soient pas tenus.


Je vais être obligé de vous parler de notre T.R.F. Bouley pour lequel j'éprouve une réelle affection.

Lors de la constitution de la Loge de Saint-André, à Paris, équivalent au 18° degré des autres rites, il omit dans les rituels l'ouverture "A.L.G.D.G.A.D.L.U.". Ce fait nous amena des ennuis avec nos sœurs Loges de l'étranger qui refusèrent alors d'échanger des garants d'amitié avec nous. C'est pourquoi, malgré le rituel imposé, le quatrième degré de Saint-André s'est constamment ouvert avec la formule du "G.A. de l'U." dénuée de tout dogmatisme. Ceci a un peu réparé les choses, et vous devez comprendre que je me refuserais à compromettre notre œuvre, si je devais me plier aux exigences d'un cléricalisme à rebours. Le symbole du "Grand Architecte de l'Univers" est le symbole de l'idéal de chacun de nous, quelles que soient nos convictions philosophiques. En juillet 1913, le Grand Orient nous a remis des rituels très beaux dans leur ensemble et nous en remercions notre F. Bouley ; mais les invocations d'ouverture et de fermeture, garantis par le F. Blatin, étaient supprimées, ainsi que la formule du "G.A. de l'U.".


Nos FF. de la L. Le centre des Amis, considérant que les engagements consentis de part et d'autre en 1911, sont actuellement méconnus ou oubliés, ont décidé de porter leur différend devant l'Assemblée générale, afin d'obtenir justice.

La L. Le Centre des Amis a confiance dans l'équité du Convent de 1913 et propose cet ordre du jour :

"Le Convent, considérant que la formule du "G.A. de l'U." (contenue dans l'ouverture et la fermeture des Rituels du Régime rectifié revus par le F. Grand Comm. Blatin en 1911) donne toute satisfaction par son prélude au principe de la liberté de conscience exposé à l'article premier du Règlement général du G.O.D.F. , confirme spécialement aux Loges du régime rectifié le droit de se servir desdits rituels contenant la formule en question".

Mes FF. comment et pourquoi refuseriez-vous à notre rite, qui a toujours servi fidèlement le Grand Orient dès son origine, l'exercice de sa formule de principes garantie en 1776, 1781, 1804, 1811 et 1911, alors que vous couvrez d'une confiante amitié le rite écossais ancien et accepté de la rue Puteaux, qui, lui, use en France de cette formule et en abuse à l'étranger à votre détriment . Après nous avoir réveillés au Grand Orient, mes FF., ne nous forcez pas à nous mettre en sommeil.