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Loge de Recherche Laurence Dermott

Rechercher dans la Fraternité et la Tolérance.

Le Parfait maçon : réception des maîtres

Publié le 3 Août 2009 par Thomas Dalet in Divulgations


Pour la loge des maîtres, il faut préparer deux toiles : sur la première qui est la seule qu'on présente d'abord à la vue du récipiendaire, est tracée la figure du tabernacle que Moïse fit élever à son retour du Mont Sinaï ; toute la longueur en est divisée en trois parties ; celle du milieu, appelée le sanctuaire, contient l'arche qui servit à déposer les tables de la loi, et dessus de l'arche sont placés deux chérubins avec des ailes; dans la partie basse, du côté du Septentrion, on représente une table, vis-à-vis, du côté du midi, un chandelier à sept branches. A droite et à gauche sont écrits les noms Bezeleel et Eliab qui sont ceux des deux habiles maçons auxquels l'érection du tabernacle fut confiée par Moïse : et dans la troisième partie, qui est celle d'en haut, est représenté Moïse lui-même, remettant l'encensoir à son frère Aaron.


Lorsque tous les arrangements sont faits, le maître signifie par un grand coup, que la loge est ouverte. Alors un des frères quitte sa place et va chercher en dehors le récipiendaire, qu'il amène à la porte de la loge ; il y frappe cette fois-ci trois coups, et le maître répond par le même nombre, qui sert de signal à l'introduction.

Le récipiendaire, étant entré dans la loge, va se prosterner aux pieds du maître qui le fait relever, en lui disant : Frère, ouvrez les yeux et soyez saisi d'un saint respect ; vous voyez devant vous le tabernacle érigé par le grand maître Moïse. Voici l'arche où Dieu se montrait présent par ses oracles ; à droite est la table pour l'oblation des pains, à gauche le chandelier à sept branches qui servait à éclairer le tabernacle ; mais tout ce qui frappe vos yeux n'est qu'une légère esquisse des merveilles que nous vous préparons.

Alors le récipiendaire se prosterne une seconde fois, et le vénérable lui présentant la pointe de son épée sur le cœur, lui fait encore répéter l'obligation, dans les mêmes termes que je l'ai rapporté.

Pendant cet intervalle, on substitue la seconde toile où est dessinée espèce de temple qu'on dit être celui de Salomon; outre le grand portail qui est placé à l'occident, il doit y avoir deux portes plus basses du côté de l'orient, et entre ces deux portes, un escalier pratiqué dans l'épaisseur du mur pour monter à trente chambres distribuées à l'entour du temple en forme de galeries. Le corps du bâtiment est composé de deux parties ; dans celle antérieure sont tracés une table, un grand chandelier avec un autel dans le milieu, et au-dessus de l'autel sont marquées les lettres A. et H. L'autre partie, qu'on nomme le sanctuaire, est décorée par la représentation de l'arche d'alliance que deux chérubins semblent couvrir de leurs ailes ; au-dessous de l'arche sont encore marquées un grand A. et une grande S.

Comme on présente ceci au récipiendaire pour le chef-d'œuvre de la maçonnerie, afin de le mettre à portée de ne rien laisser échapper de toutes ses beautés, on fait éteindre le feu de la terrine triangulaire et on y supplée par un grand nombre de bougies allumées qui représentent, dit-on, 10.000 chandeliers que Salomon avait fait faire pour éclairer le temple. Cela fait, le maître prend lui-même la peine de donner l'instruction à peu près ainsi qu'il suit.

Pendant que les Israélites voyageaient dans le désert, comme ils n'avaient encore aucune habitation fixe, Dieu inspira à Moïse d'ériger le tabernacle sur le dessein qu'il lui donna lui-même, afin qu'au moyen de ce temple portatif, ils fussent en état de lui rendre, dans tous les lieux, le culte qui lui était dû.

Moïse, après avoir conduit et gouverné les Israélites pendant quarante années, se sentant près de sa fin, fit assembler tout le peuple au bord du Jourdain, où il lui fit un excellent discours, et lui dicta les lois qu'il devait suivre pour arriver à la terre promise : il annonça, entre autres choses, au peuple, que le tabernacle qu'il avait établi n'était que la figure du temps futur, et que quand ce peuple serait une fois en possession du pays de Chanaam, Dieu choisirait lui-même une ville qui serait nommée la ville sainte, où on lui bâtirait un temple sur le modèle de ce tabernacle.

David, devenu roi des Hébreux environ 400 ans après, établit par inspiration divine son séjour à Jérusalem et résolut d'y bâtir le comme il avait été prédit par Moïse; mais Dieu lui con d'abandonner cette entreprise, parce que ses mains avaient été trop souvent teintes du sang de ses ennemis et lui fit connaître que cet honneur était réservé à Salomon son fils.

En effet, ce grand prince qui avait obtenu de Dieu l'esprit de sagesse, n'eut rien plus à coeur que la construction du temple, mais il ne put le commencer que dans la quatrième année de son règne et il l'acheva dans le cours de sept ans.


Quoique la maçonnerie, depuis Moïse jusqu'à Salomon, eût fait des progrès considérables, elle avait toujours été renfermée dans les deux degrés d'apprentis et compagnons, personne, excepté les chefs, n'ayant osé prendre encore le nom de maître. Ce fut, suivant les maçons Salomon qui. le premier, institua le degré de la maîtrise, ayant conservé aux deux premiers grades les signes anciens dont ils étaient en possession immémoriale, et ayant établi de nouveaux signes en faveur de ceux qu'il élevait au rang supérieur de maîtres.

Les ouvriers que ce roi employa à la construction du temple étaient nombre de 183.200. Savoir, 100.000 manœuvres ou apprentis, 80.000 compagnons et 3.200 maîtres.

Tous étaient subordonnés à deux grands architectes ou inspecteurs généraux qui étaient Adoram et Hiram, les maçons les plus accomplis y eût alors sur la terre.

Ceux-ci rendaient compte à Salomon directement de tout ce qui se passait, donnaient les plans des ouvrages, veillaient à leur exécution. Adoram avait de plus le détail du paiement de tous les ouvriers; et comme il était impossible qu'il les connût tous, il fut convenu que leurs signes et mots serviraient à les distinguer. Par ce moyen, celui qui donnait les mots et les signes du maître en avait la paie; ainsi des autres.

Entre les trente chambres qui entouraient le temple, en forme de galerie, il y en avait une, la plus ornée de toutes, uniquement réservée pour les conférences de Salomon avec Adoram et Hiram, qui se tenaient deux fois chaque semaine; deux autres chambres où était la trésorerie, et c'était à celles-là que les ouvriers se rendaient à différentes heures, et sans tumulte, pour recevoir leur paie; il y en avait aussi deux pour l'habitation des deux grands architectes, qui étaient obligés d'y coucher pour être à portée de veiller aux ouvrages de l'intérieur du temple ; et les vingt chambres de surplus servaient aux maçons à tenir leurs loges toutes les fois qu'il plaisait à leurs maîtres de les assembler régulièrement.*


Les lettres A. et H. marquées au-dessus de l'Autel, sont les initiales des noms d'Adoram et Hiram, grands architectes du temple. Salomon même les y fit graver afin d'immortaliser la mémoire de ces deux grands hommes.

Ici le maître suspend un moment l'instruction pour faire une peinture touchante et pathétique de la ruine de ce superbe édifice par Nabucodonosor, ce qui l'excite ainsi que tous les autres frères à pleurer en quelque sorte sur Jérusalem; mais pour abréger des lamentations inutiles, il ajoute : Pourquoi nous affliger si fort ? Le temple n'est pas détruit, mes frères, puisqu'il existe moralement en chacun de nous. Alors la joie renaît dans l'assemblée, tous les frères s'embrassent, et le vénérable continue l'instruction.

Les maîtres, dit-il, ont trois moyens pour se faire distinguer, savoir un signe pédestral, un double attouchement et deux paroles. Ils ont aussi des questions particulières.

Leur signe se fait en plaçant le pied gauche en avant et le pied droit derrière, en sorte que la pointe du pied droit, touchant au talon du pied gauche forme l'équerre.

Le double attouchement se communique de cette façon-ci. On présente la paume de la main droite horizontalement à celui qui se prétend maître. S'il l'est en effet, il ne manque pas d'y appuyer sur-le-champ sa main gauche à poing fermé, et tout de suite il étend à son tour sa main droite dans une position semblable à celle de l'autre frère qui y répond par le même mouvement du poing, comme s'ils se témoignaient par là, l'un à l'autre, qu'ils se reposent sur leur amitié réciproque comme sur leur plus ferme appui.

Les deux paroles des maîtres sont Adonaï, Schilo. Les frères maçons les prétendent sacrées, et même prophétiques. Pour moi, qui ne voyant tout ceci qu'avec les yeux d'un profane, puis tout au plus atteindre à la signification littérale, je me contente d'observer que, suivant l'explication ordinaire, Adonaï veut dire Seigneur, et Schilo signifie Son fils, ou celui à qui il est réservé.


Finissons par les questions :


- D. Etes-vous maître maçon ?

- R. Mon nom est Harodim.**

- D. Dans quelle loge avez-vous été reçu maître ?

- R. Dans une des vingt-cinq chambres.

- D. De combien était composée votre loge ?

- R. De neuf maîtres députés des 3.200.

- D. Qui est-ce qui y présidait ?

- R. Le grand architecte de l'univers, et après lui le premier d'entre les maçons.

- D. Qu'avez-vous vu lors de votre réception ?

- R. J'ai vu le tabernacle érigé par le grand maître Moïse.

- D. Combien avait-il de parties ?

- R. Trois.

- D. Que signifient ces trois parties ?

- R. Elles sont une figure du monde.

- D. Expliquez- moi cela.

- R. Celle du milieu représente le ciel où Dieu habite ; et les deux autres qui ne sont ouvertes qu'aux sacrificateurs, représentent la terre et la mer

- D. Que représente la table posée dans le tabernacle ?

- R. Elle est une figure de notre âme dont nous devons offrir et rapporter à Dieu toutes les oeuvres.

- D. Que représente le chandelier à sept branches ?

- R. Les septs vertus.

- D. Définissez-moi le tabernacle.

- R. C'était la figure du temps futur et le modèle d'un édifice plus parfait

- D. Quel était cet édifice ?

- R. Le temple de Salomon.

- D. Où a-t-il été bâti ?

- R. Sur la montagne, dans un lieu choisi par David, où était auparavant l'aire d'Oron Jebuseen. - D. Donnez-moi une autre réponse.

- R. Le temple a été bâti dans l'endroit même où Adam, le premier des hommes et des maçons, a été enterré.

- D. Que signifient les lettres A. et H. placées au-dessus de l'Autel ?

- R. Ce sont les noms d'Adoram et Hiram, les deux grands architectes du temple de Salomon.

- D. Où avez-vous reçu votre paie ?

- R. Dans les deux chambres de la galerie.

- D. Quel est le nom d'un maître maçon ?

- R. Harodim ou Menatzchim.

- D. Quel est le nom d'un compagnon ?

- R. Gabelin.

- D. Quel est le nom d'un apprenti ?

- R. Louvet.

- D. Quel est le nom du fils d'un maçon ?

- R. Louveteau.

- D. Qui est-ce qui éclaire votre loge ?

- R. Dix mille et un chandeliers.

- D. Quelle est la plus grande de toutes ces lumières ?

- R. C'est le maître de la loge.

- D. Comment voyage le maître ?

- R. Sur terre et sur mer, de l'orient à l'occident, et du midi au septentrion.

- D. Donnez-moi le signe de maître.

- R. Le voici.

- D. Donnez-moi l'attouchement.

- R. C'est l'ouvrage de deux [sic].

- D. Donnez-moi les paroles de maître.

- R. Adonaï Schilo.

- D. Donnez-m'en l'explication.

- R. Adonaï signifie le Seigneur, Schilo signifie son fils, ou celui à qui il est réservé.

Il me reste à observer que le très vénérable ouvre et ferme toujours ses loges d'apprentis, compagnons et maîtres par quelques-unes des questions propres à chacun de ces degrés, dont la dernière, commune à tous les grades, est toujours celle-ci.

- D. Quel est le devoir d'un maçon ?

- R. Obéir. travailler et se taire.

A quoi le maître ajoute, quand c'est pour ouvrir la loge :

- Obéissons, travaillons et taisons-nous.

Et si c'est pour la fermer, il dit :

- Nous avons obéi, mes frères, nous avons travaillé, taisons-nous.

* Il faut supposer que Salomon ne régla l'ordre et la destination de ces trente chambres, qu'après qu'on eut entièrement achevé le corps, et ce qu'on appelle la grosse maçonnerie du bâtiment.

** Harodim signifie conducteur ou intendant des ouvrages ; c'est le nom qu'on donnait aux 3200 maîtres. Suivant le troisième livre des Rois chap. 5. v.16, ils étaient 3300 et le livre des Chroniques, chap.2., verset 18 fait même monter le nombre à 3600.